Dictionnaire amoureux du Tour de France by Christian Laborde

Dictionnaire amoureux du Tour de France by Christian Laborde

Auteur:Christian Laborde [Laborde, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Dictionnaire Amoureux
ISBN: 2259204333
Publié: 2011-01-12T23:00:00+00:00


Aurais-je oublié Lapébie ? Que nenni ! Ses reins lui foutant une paix royale, le robuste Roger attaque dans la grande étape des Alpes, Briançon-Digne, à 30 km de l’arrivée. Comme les Belges, comme les Italiens, comme Sylvère Maes, comme Mario Vicini, il a Vars, Allos et l’Izoard dans les pattes, mais ses pattes sont pleines de jus. Alors il roule, à bloc, tête nue, les mains en bas du guidon. Il roule pour l’équipe de France, son équipe décimée. Louis Thietard, une clavicule brisée, vient d’abandonner. Maurice Archambaud aussi. Georges Speicher a été éliminé. Il a du jus, de l’essence, un carbu fabuleux. Il s’impose à Digne et s’empare de la troisième place au général, à 1’22’’ du nouveau maillot jaune, Sylvère Maes, vainqueur du Tour 1936.

Les Alpes passées, les écarts n’étant pas creusés, c’est dans les Pyrénées, entre Luchon et Pau, que le Tour va se gagner. Entre Luchon et Pau : le col du Peyresourde et celui d’Aspin, les cols du Tourmalet et du Soulor, et cette route d’Aubisque sur laquelle Jacques Anquetil, vingt ans plus tard, sauvera son premier maillot jaune. On aborde les lacets de Peyresourde dès la sortie de Luchon. Les jambes sont froides. Il faut qu’elles ne le soient pas, que tous les pistons soient chauds, d’autant plus chauds que Lapébie, en montagne, n’est pas dans son jardin, contrairement à Sylvère Maes. Chauffer les jambes, chauffer le moteur afin qu’il réponde quand ce maudit Sylvère vissera la poignée. Lapébie et les rescapés de l’équipe de France, levés à l’aube, font un tour de chauffe dans la vallée. Les jambes tournent, d’abord doucement puis plus vite. Ça roule, ça baigne. Et Lapébie qui disparaît dans le fossé. La gamelle, un soleil. Il n’est pas blessé. Pas de douleur dans les reins. Mais que s’est-il passé ? Son vélo, couché près de lui dans le fossé, n’a plus de guidon. Comme le Trek de George Hincapie dans le final de Paris-Roubaix, le 9 avril 2006. Le pivot de fourche s’est cisaillé au ras de la douille, provoquant la chute du champion new-yorkais, du guerrier flandro-ricain, équipier fidèle, ami de Lance Armstrong. George Hincapie est assis par terre, dans la glaise sèche du secteur pavé de Mons-en-Pévèle, dix-huitième difficulté de Paris-Roubaix. Sa clavicule brisée le fait moins souffrir que son cœur : Paris-Roubaix continue sans lui, sans son maillot bleu, sans son dossard no 11. La fourche de George s’est brisée, le guidon de Roger a été scié. Sabotage dans les Pyrénées. Le coupable, Roger veut le tuer. On calme Roger. On équipe en catastrophe son vélo d’un nouveau guidon. Mais un guidon dépourvu de porte-bidon. Lapébie, le ravitaillement par un tiers étant interdit, va mourir de soif dans les cols. Les Belges attaquent dès les premières rampes de Peyresourde. Nulle eau ne sourd de la pierre. Qu’il meure donc de soif !

La soif ! De l’eau, il ne peut en recevoir de personne. Lapébie, victime d’un sabotage2 et d’un règlement qui, à l’époque, interdit à un coéquipier de lui passer un bidon dans les lacets de Peyresourde.



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